Colloque "Administration électronique"

Premier colloque sur la transition numérique à l'Assemblée nationale

Durée : 4 mois.   Budget : 380 K€.

Pour clore les deux années d' AGORANET à l'Assemblée nationale, le président de l'Assemblée, Laurent Fabius, me propose d'organiser le colloque « Vers l'administration électronique » qui s'est tenu le 4 Décembre 1998.  

les objectifs du colloque.

- Réunir les acteurs principaux de l'Internet, publics et privés, pour dégager un bilan clair et lisible des premières années de l'apparition du web en France et envisager les actions à conduire.

- Réunir les grands opérateurs hexagonaux : Etat, collectivités locales, EPIC, France Telecom, entreprises privées, pour définir des lignes d'actions communes face au déploiement spectaculaire des outils et services américains.

- Susciter les contacts et échanges entre les acteurs publics et privés de la révolution numérique naissante.

La France de Louis Pouzin et l'amérique de Bill Gates.

Dans les années 80, Louis Pouzin, polytechnicien, invente un mode de commutation de données informatiques scindées par «paquets » afin de les faire transiter de façon rapide entre des points d'émission et de réception. Il s'agit d'un mode de transfert de données asynchrone. Internet est né.

Louis Pouzin ne rencontre aucun soutien. Il se tourne vers les ingénieurs américains d'Arpanet, fait de fréquents voyages aux Etats-Unis. Fort des travaux de Louis Pouzin, Vinton Cerf mettra sur pieds le protocole TCP/IP. Il faut noter que Vinton Cerf citera Louis Pouzin et soulignera son action dès la page d'introduction de sa publication scientifique.

Microsoft fera le reste. Le World Wide Web est exclusivement américain.

Au sein de l'assemblée réunie à l'occasion de ce premier colloque, beaucoup connaissent cette histoire et devraient être prêts à enfin en découdre et, marqués au fer de l'humiliation, retrousser  leurs manches.

Mais Louis Pouzin, c'est la recherche fondamentale. Bill Gates, c'est la recherche appliquée. Louis Pouzin c'est l'innovation de rupture. Bill Gates c'est la révolution des usages.

L'autre forme de l'exception culturelle française ?

Bilan

Occasion d'affirmer publiquement que l'apparition d'Internet ne peut être ignorée de l'élite politique, administrative et entrepreneuriale, ce colloque mettra en lumière la difficulté des autorités à entrer de plain-pied dans l'ère numérique.

Aujourd'hui, l'action publique en matière de NTIC est toujours inexistante.

La France et l'Europe sont absents du club mondial du World Wide Web.

Les backbones intercontinentaux sont des perfusions qui nourissent l'europe en échange de sa sève ; les données personnelles de ses citoyens, et le RGPD, loin dêtre une protection, est l'aveu de l'inconsistance de l'Europe politique.

Les 600 millions d'européens qui constituent 22 % du PIB mondial sont autant de clients consentants et captifs d'une économie qui connaît une croissance spectaculaire et promet des innovations de ruptures qui vont recomposer les équilibres des puissances.

Toutefois, dans un contexte d'innovation aussi dynamique, la beauté du jeu est que n'importe quel européen un peu audacieux peut rebattre les cartes. 

intervention au Sénat

"J'ai entendu dans cette enceinte un grand nombre d'orateurs exprimer leur scepticisme quant à l'utilisation de l'Internet dans la vie politique. Je crois qu'il est urgent de jeter un pont entre les praticiens de l'Internet, d'un coté, et les sceptiques de l'autre. Peut-être l'initiative Agoranet pourrait-elle en tenir lieu.

www.agoranet.org, est une initiative personnelle proposée au groupe d'étude NTIC de l'Assemblée nationale ainsi qu'au Sénat. Je rencontre l'année dernière une dizaine de parlementaires pour leur proposer de participer à un forum sur Internet : ce fut la première édition d'Agoranet. Chaque député a rédigé une contribution sur le thème de son choix, et les internautes les ont interpellés comme ils le souhaitaient. Pour la deuxième édition, nous avons fait appel à une vingtaine de parlementaires et avons choisi un thème fédérateur : la modernisation de la vie politique.

A ce stade, Agoranet présente incontestablement quelques vertus. D'abord, contrairement aux oracles qui nous promettaient des tombereaux d'injures et d'inepties, les interventions du public étaient de grande qualité. Ensuite, Agoranet a largement dépassé nos frontières, ce qui démontre le caractère planétaire des débats de société. De même, Agoranet a permis l'expression d'idées générales émanant du grand public mais aussi le déroulement d'échanges de spécialistes, sur la sécurité alimentaire par exemple. Enfin, les internautes sont très vite sortis du cadre qui leur était fixé et ont interpellé directement les élus, ce qui démontre qu'ils sont demandeurs d'un réel échange sur la politique.

Néanmoins, les limites d'un forum sont vite atteintes. Soit l'Internet devient un média, sans doute moins puissant, en termes d'audience que la presse ou la télévision, comme le disait hier Dominique Wolton. Soit l'Internet devient un moyen d'action, en particulier à l'échelle locale (la commune ou le département) ou sur une échelle sectorielle (les Français de l'étranger, les professions indépendantes, etc.). En réalité, la principale faiblesse d'Agoranet est son caractère général et informel : nous devons trouver un moyen pour mieux organiser l'information, peut-être en nous inspirant des outils de knowledge management déjà développés dans le monde de l'entreprise. Mais une réponse immédiate peut-être fournie par le modèle du portail, qui permet d'organiser l'information selon une classification thématique. On peut par exemple imaginer un portail dédié aux professions indépendantes, c'est-à-dire à un groupe d'individus qui n'ont d'autre point commun que leur statut, mais qui sont confrontés aux mêmes problèmes de retraite, de santé, de fiscalité, etc.

A mes yeux, la question de savoir si Internet va changer la vie démocratique n'a plus lieu d'être. Internet s'est imposé comme un outil universel, qu'il faut apprendre à utiliser. Bien sûr Internet présente certains risques, comme dans l'exemple de la manifestation étudiante virtuelle citée par Hélène Fladmark hier. Rappelons pour conclure la formule que nos étudiants, en mai 1968, écrivaient sur les murs : "l'anarchie, c'est l'ordre moins le pouvoir". Je crois qu'Internet nous donne aujourd'hui le pouvoir d'admettre parmi nous l'inévitable et indispensable part d'anarchie qui réside dans toutes les sociétés humaines, et d'en tirer le meilleur".

Merci de votre attention.

Henri Le Roy

https://www.senat.fr/evenement/senat2_mono.html#toc16

https://www.henri-le-roy.net 
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer